Treize ans de bourlingue:
Des souvenirs plein les valises!
Je vous propose un petit "Journal de bord", pour partager avec vous mes aventures au long du chemin:
Washington
Street art animation festival
Norfolk
Cahors
Marciac
île d'yeu
Paris
Nevers
Toulouse
Namur
Mons
Grenoble
Luxembourg
Barcelona
Dax
Les propositions reçues les plus étonnantes:
- Portland (Oregon)
"Waterfront Blues festival"
- Copenhague (Norvège)
- Israël
- Thaîlande...
- Arkangelsk...
Évidement avec un bagage de 80 kilos, tout n'est pas si simple...mais la meilleure c'est:
- ..."La france a un incroyable talent"... si-si ! (et mème une seconde fois après refus siouplait !).
Articles de presse:
Sarria
Pour partager mes plus beaux souvenirs de route; évidemment ceux de l'été dernier:
Voyage en Galice pour la première édition du festival de Blues de Sarria organisé par Manuel Poy, auteur passionné de plusieurs livres sur le Blues, rencontré au festival de Blues de Barcelone il y a dix ans...
Il m'avait promis de me faire revenir un jour; promesse tenue ! quel voyage fabuleux, en passant par les plaines désertiques autour de Burgos...en pleine canicule à 40° le matin, vraiment un road-movie lunaire... orage sur les moulins de Don Quichotte... puis escalade des monts de Galice avec un col noyé dans les nuages à 11°...
Festival d'une chaleur humaine vraiment intense, que de rencontres, quels paysages, ...et quelques brocantes sympathiques; je rapporte deux pantalons d'époque issus du stock d'invendus d'un tailleur !
Le site du concert surplombait la ville, dans le quartier médiéval, endroit superbe, et public chaleureux (et surtout indulgent pour mon accent).
Quel voyage; détour par Saint Jacques de Compostelle, puis retour par la côte.
Une nuit dans une crique sauvage sublime près du "cabo de pena"bercé par les vagues de l'Atlantique se fracassant sur les falaises déchirées...j'entends encore ce son en fermant les yeux.... cette crique est comme coincée entre deux lames de pierre, deux murailles dentelées, on se sent minuscule et hors du monde, face aux Titans....
Les "Picos de Europa" à couper le souffle...vrai que ma pauvre voiture a bien souffert, 2000 km d'un seul coup; mais comment refuser une si belle demande, dix ans après notre rencontre ?...
J'ai encore des paysages plein la tète...
Festival Sarria Blues No Camino
Après un voyage aux USA , (Washington et Norfolk en 2011), j'ai réalisé que si un accident arrivait à ma précieuse malle je serai perdu... j'ai donc préféré décliner ces propositions exotiques pour rester centré sur l'Europe, Belgique, Espagne, Luxembourg...et qui sait ?
Une rencontre magique:
Une nuit étape dans les bois, grâce à ma "Sebasto-mobile" (qui n'est pas un Van, mais me permet d'échapper aux hôtels déprimants, impersonnels, froids, polluants...).
Et à la tombée de la nuit, ce moment que l'on dit "entre chien et loup"...
Quand nos yeux d'humains ont du mal à discerner les contours, dans ce bois de hêtres tortueux aux silhouettes fantastiques, mon regard vagabonde...quelque chose bouge...
Mais c'est un jeune renardeau qui vient vers moi, d’abord prudemment; j'ai cru que c'était un chien attiré par l'odeur de mon casse-croute tout juste terminé....mais ce pelage splendide aux nuances chaudes, ce regard...
Et là le temps se dilate, l'esprit cherche à comprendre ce qui se passe...un animal "sauvage" qui s'approche de plus en plus, sans avoir peur d'un humain ?!?!...
Ne plus bouger...
La situation est trop étrange...; quelque chose beugue, la raison botte en touche...
Et un vieux réflexe de survie remontant probablement à Cro-Magnon qui me chuchote au creux de l'oreille: "fais gaffe il est peut-être enragé"... Ridicule ?... j'aimerais vous y voir!
Alors je lui parle doucement en reculant ( c'est ce qui est recommandé en cas de rencontre avec un ours!), pour m'asseoir dans la voiture, heureusement la porte est restée ouverte, et je n'aurais qu'à la refermer si jamais je me sentais en danger...
Mais il s’assoit lui aussi; tout en confiance, et fait plusieurs pauses jusqu'à venir juste à trois mètres de moi.
Puis là, ne me quittant pas des yeux il se couche à plat ventre, la tète sur les pattes...serein...
J'ose à peine respirer...on se regarde...moment incroyable...soudain quelque chose attire son attention sous sa patte, oreilles pointées il renifle, et hop! deux coups de patte et il croque une bestiole qui a eu la mauvaise idée de bouger, probablement un insecte ?...
J'ai du mal à ne pas rire.
La petite trouille laisse alors la place à un sentiment de gratitude infinie...je suis juste au bon endroit au bon moment, c'est un cadeau.
Est-il habitué au contact humain ?
Des humains l'ont ils déjà nourri ou apprivoisé ?
Ou bien tout simplement sait-il mieux que moi reconnaitre un être hostile, et le différencier d'une bonne poire ?...
Le "sauvage" c'est moi !
Lui c'est un prince; quelle beauté !
( Je comprends bien mieux que les anglophones disent d'une jolie personne qu'elle est "foxy"...quelle grâce, fine souple et élégante, il se déplace en dansant...).
Au bout de quelques minutes aussi denses que des heures, il reprend son chemin, sur lequel j'étais tombé...il semble vaquer à ses occupations sans plus faire attention à moi, s'enfonce dans les broussailles; j'entends encore un bond, un froissement...sans doute une nouvelle aubaine à déguster?...puis plus rien.
Autant vous dire que j'ai gardé un sourire béat pendant plusieurs jours...
Merci la vie !
- Une jeune femme qui décrit mes gestes et mes instruments à sa maman dont elle soutient le bras alors que je joue dans la rue...
Je réalise alors qu'elle est non-voyante et je ferme les yeux, soudain j'ai eu cette sensation que connaissent parfois les musiciens, quand on ressent une sorte de mise en abîme, de se sentir hors de soi, ou en train de se voir depuis une autre point, ailleurs, comme si le corps continuait à fonctionner alors qu'on en est détaché...
Ca peut paraitre mystique, mais j'en ai souvent parlé avec d'autres musiciens; je pense qu'il s'agît d'une forme de bien-être, de plénitude qui a à voir avec la mémoire musculaire, et qui donne la liberté d'esprit qui peut permettre l'improvisation...
Le fait d'entendre décrire mes actions par quelqu'un, et de penser à quelqu'un en train de m'imaginer réaliser ces gestes m'a donné une sorte de recul vis à vis de la réalité, ou d'ouverture; comme si mon corps fonctionnait sans moi...
Sorte de tour de passe-passe, à trois voix...
C'est ce que beaucoup de musiciens recherchent, je le revis souvent mais cette fois là avait vraiment quelque chose de particulier...
(Namur Belgique Festival des arts forains 2008)
Une sensation inoubliable:
Des Arbres vénérables:
Je suis un gamin de la campagne...
J'ai grandi dans un coin sauvage qui s'appelle (à juste titre "la Montagne noire"... si vous écoutez "Black Mountain Blues" de Bessie Smith vous aurez à peu près la carte postale correspondante !).
Mes parents étant en fermage sur un domaine de 300 hectares, majoritairement en forêt, ancien manoir de chasse de la noblesse locale au parc agrémenté de Séquoias, comme c'était la mode au moment où la Louisiane était encore une colonie...
Grandir en présence des ces arbres puissants m'a sans doute sensibilisé, et je pense que j'ai passé à peu près autant de temps dans les arbres que sur terre jusqu'à mes quinze ans...
Je me demande comment je n'ai pas réussi à me briser le cou avec toutes ces escalades, et cascades à me suspendre le plus loin possible du tronc sur les branches horizontales pour y faire du trampoline...
Je mangeais les Noisettes et les faines des hêtres en guise de goûter sur le chemin du retour de l'école... et la générosité des champignons d'automne complétait souvent les repas.
Les arbres m'ont sauvé la peau quelquefois, poursuivi par le féroce bouc de la ferme, ou bien en tombant nez à nez avec une harde de Sangliers aussi surpris que moi...ils étaient aussi mon refuge quand ça bardait à la maison.
Cette amitié avec les arbres m'a sans aucun doute poussé vers les instruments de musique, en répondant à cette envie de les réparer, de les faire vivre, de prolonger leur vie.
Les hasards de la route m'ont fait rencontrer certains des ces êtres vivants vénérables, à Brocéliande bien sûr (la capitale des arbres magiques), mais aussi dans des endroits plus inattendus, parfois non répertoriés, juste au bord de la route...
J'ai quelques préférés, dont ce Tilleul remarquable, âgé de 630 ans, qui fédère autour de lui une association très dynamique; c'est "la fête des plantes" à Réaumont.
J'ai joué au pied de ce vénérable être vivant tout le week-end, en voyant ses bourgeons éclater et ses feuilles s'ouvrir d'heure en heure au soleil du printemps...absolument irréel !...
Moins loin de chez moi, une des toutes premières sorties après la pandémie et son lot d'évènements annulés, reportés; une animation de marché de pays.
J'aime beaucoup ce cadre, où la place du village parfois déserte le reste de l'année reprends vie et draine tous les habitants du coin.
Surtout à ce moment précis, le printemps est là, tout le monde veut tourner la page, et j'avoue que je suis dans un état très spécial moi aussi, avec l'impression que tout le monde est beau, puisque cela fait plusieurs mois que je n'ai croisé que des masques...
Du soleil, des parfums, des couleurs, de belles rencontres... puis le soir venu on se quitte et juste à la sortie du village dans un tournant, je me dis que cet espace est étrange ?
On est à la lisière de la forêt et pourtant on se sent dans une sorte de bulle; car un seul arbre couvre une zone très large; le genre de sensation qu'on a dans une cathédrale, un endroit dégagé, ouvert, qui semble dilater l'espace; qui semble plus grand qu'en réalité.
C'est un Hêtre qui a dépassé l'âge limite pour pouvoir être daté (plus de 600 ans), il est comme perché sur ses racines car un glissement de terrain à emporté la moitié du sol, donc il forme une sorte de caverne entre ses racines...
Quelle puissance, quelle paix...
Je pourrais passer des heures à regarder les hêtres car ils ont une plastique très étrange, avec parfois des formes fantastiques ou anthropomorphes, surtout au niveau des racines.
Un véritable géant...qui me donne une sensation de paix profonde, après avoir vécu ces deux années d'angoisse... j'y repense souvent quand j'ai besoin de puiser du courage.
- Une chanteuse née dans le Mississippi qui me prends dans ses bras à la fin d'un festival pour me dire qu'on est frère et soeur, car elle a entendu le son de ma contrebasse-tuyau de poêle qui lui a rappelé le "Diddley-bow" que bricolait pour elle sa grand-mère..."the same sound !"... quelle émotion !
(Le Diddley-bow est un instrument improvisé à partir d'un fil de fer, souvent récupérè sur un vieux balai car ce fil en liait la paille... que l'on clouait sur une caisse de résonance, parfois directement le mur ou la porte de la maison, et qui se jouait en faisant glisser sur la corde un objet dur, un os, une bouteille, un clou...pour en tirer des modulations; à la façon d'un Bottleneck, ou d'une guitare Hawaïenne.
C' était souvent le seul accès à la musique dans les coins les plus reculés, bien avant la radio, la télévision, ou le mp3... cet instrument était parfois adapté à une caisse de résonance portable munie d'un manche, boite à cigares, caisse quelconque, boite de conserve, bidon... et peut aussi se jouer à l'archet.
Le plus humble des instruments qui a permis à la plupart des Bluesmens historiques de faire leurs débuts !).
J'ai découvert que dans le monde de la musique il y a (parfois) des cannons esthétiques, et des principes parfois un peu étriqués, particulièrement dans certains milieux...
Disons quand on joue une musique qui ne fait pas partie de sa culture natale, on a une impression de "complexe de l'imposteur", qui ouvre une surenchère sur des détails qui pourraient renforcer sa crédibilité dans un cadre culturel d'adoption.
La fameuse "quête de l'authenticité"... avoir l'air plus vrai que vrai... qui pousse à une sorte d'intransigeance; combien de fois n'ai je entendu "tu joues pas du Blues"... les clichés ont la peau dure...
Mais vivre un moment aussi pur, m'a définitivement vacciné!
- Discussion avec quelqu'un qui a assisté aux concerts de Cyril Lefebvre, Homme-orchestre flamboyant des années 80 qui m'a montré le chemin au bon moment...
Petit voyage dans le temps:
Le marché aux puces de Toulouse, années 2000, source de bien des instruments qui m'ont accompagné, (là où j'ai trouvé mon charismatique petit chien dodelinant), la découverte de la pochette de l'album "Cocaïne Blues".
Portrait de photographe à l'ancienne, mis en scène comme au début du siècle, Cyril en costume impeccable, avec une guitare à résonateur, grosse caisse et cymbale ainsi qu'un pédalier de basses d'orgue au pied droit.
A ce moment là je commençais tout juste à imaginer l'homme-orchestre, découvrant petit à petit les éléments qui allaient former mon spectacle, et en découvrant que bien d'autres ont emprunté ce chemin avant moi...
Cyril a vécu dans la maison natale de Déodat de Séverac à Saint Félix de Lauraguais, à deux pas de chez mon arrière grand-père...qui m'appelait déjà Sébastopol quand j'étais petit...
Bien des années plus tard, j'ai trouvé une grosse caisse des années 30 dans une brocante du coin, dont la peau était décorée d'un chat noir, perché sur un croissant de lune, avec
l'inscription en lettres alambiquées "Drôlatic' Jazzky"...
"Shazzam!"...flashback! ; j'ai déjà vu cette grosse caisse dans mon enfance , car j'ai assisté à sa décoration !
C'est un ami peintre, et voisin, qui devait compter énormément dans ma vie, qui a décoré cette peau pour un copain qui se lançait en homme-orchestre dans les années 80...(Si vous avez des informations sur "Drôlatic' Jazzky"dans la région de puylaurens; contactez moi !!!!).
Manifestement inspiré par les concerts de Cyril Lefebvre, car je me souviens d'avoir entendu parler de lui ce jour là... la mémoire et ses méandres...
Cet ami peintre aujourd'hui n'est plus là; c'est sans aucun doute lui qui m'a appris à avoir confiance en moi au moment où j'en avais le plus besoin, en m'encourageant musicalement et graphiquement, simplement en me traitant en égal.
Sa fille m'a transmis son porte-harmonica, accessoire indispensable de tout homme-orchestre qui m'a permis d'apprendre à jouer harmonica et guitare à la fois.
Merci Yves!
Merci Léo!
Et c'est au festival "Les nuits de nacre" de Tulle que j'ai rencontré un fan de Cyril ayant encore en sa possession des affiches, des tickets de concert, plusieurs de ses disques, et me racontant quelques uns de ces effets scéniques, tels qu'un petit train électrique qui tournait autour de lui...( l'idée de lui rendre hommage de cette façon me trotte sur l'oreille depuis longtemps, un jour peut-être...).
Le monde est petit.
- Un couple Américain me contacte pour fêter leur anniversaire de mariage; quelle demande pourrait être plus gratifiante que celle de célébrer l'amour ?...
Cette soirée restera dans ma mémoire pour toujours, car tout était mis en oeuvre pour que les invités soient plongés dans l'ambiance des années vingt.
La fête se déroulait dans un petit manoir isolé dans les vignes de lAude, (qui a parfois des airs de Toscane), avec consigne à chacun d'éliminer tout ce qui pourrait rompre la magie (téléphones, gadgets technologiques, plastique...voitures).
Et à l'heure dite tous les convives arrivent en une joyeuse procession à travers le parc, tous et toutes habillés en tenue d'époque !
Pour une fois je n'étais pas le seul à être costumé!!!
Quelle vision sidérante; les dames en robes à perles, chapeaux cloches et accroche-coeurs de "flappers", les messieurs en frac et hauts de formes, certains plus "sport", two tone shoes, portes cigarettes, montres de gousset...
Dans le hall de ce petit château étaient projetés des films muets, avec la belle Louise Brooks, et un Gramophone à pavillon assurait le relais durant mes pauses...
Ce moment était une sorte d'oeuvre d'art collective où chacun participait à sa façon.
Incroyable de sentir le moment où, finalement tout semble si naturel, que c'est comme si on avait toujours vécu là... comme un bond temporel.
Le plus beau c'est que ce couple m'a offert d'autres moments tous aussi magiques à chaque fois, en m'accordant leur amitié et en m'invitant régulièrement à animer les soirées qu'ils imaginent et organisent pour leurs proches.
J'ai toujours un peu de mal à les quitter et à revenir dans le monde réel... avec longtemps après des visions, des souvenirs qui reviennent d'instants très spéciaux.
La limite en rêve et réalité est finalement très mince, si on s'autorise à rêver...
D'autres épisodes bientôt:
- La vision d'un "Black Indian" de la Nouvelle Orleans, dans un cirque Romain...parure de plumes, sequins, perles et strass oranges, enflammés par le soleil couchant juste derrière lui.
Ça n'arrive qu'une fois dans une vie !
(Festival Jazz à Vienne 2022)
- Des arbres morts qui reprennent vie en dansant au bord de la route, souches d'arbre aux formes torturées, assemblées par un artiste peuplant tout son jardin de créatures fantastiques, dinosaures, elfes, et musiciens... (Bretagne 2022)
- Un lac volcanique parfaitement circulaire...hors du monde...
- Des yeux phosphorescents dans la nuit près d'un menhir...un loup ?
- Contact avec Dave Harris homme-orchestre Canadien ayant écrit un livre sur les Hommes et Femmes-orchestres ( plus de 600 !!!)
"Head, Hands, and Feet"...
Petites réflexions:
- Non; je ne vous livre pas ces anecdotes pour prouver à quel point ma vie est tellement belle et passionnante, comme le voudraient d'autres supports d'autopromotion...dont je tairais les noms, et où vous ne me trouverez pas...
Pour le prouver je vous livrerais peut-être aussi quelques uns des moments les plus difficiles pour équilibrer la balance
....mais par les temps qui courent j'ai pensé au positif en priorité, le plus utile pour tous, le plus bénéfique.
Au cas où ceci puisse diluer un peu le brouillard que les médias diffusent dans la perception du métier d'artiste, surtout pour les plus jeunes...
(Non les amis; je ne vis pas dans une villa à Beverly-hills en pratiquant l'évasion fiscale à tour de bras, et je ne suis pas devenu citoyen du Luxembourg ou des îles Caïman...).
En fait je me suis pris au jeu de fixer ces moments lorsque j'ai réalisé que le temps passe si vite, qu'il efface ou ternit parfois les souvenirs.
En pensant à tous ceux qui m'ont aidé ou encouragé, je réalise que certains ne sont plus là, je veux donc essayer de me donner l'illusion d'avoir ne serai-ce qu'un peu de prise sur ce temps qui glisse si vite...
Du Japon aux Pyrènées ?:
- Le monde est petit parait-il... Festival des arts de Rue dans une ville au pied d'un chateau, et entre deux passages, un couple s'attarde puis plonge de plus en plus intensément dans l'observation des détails de mon installation.
L'homme me dit alors "You're king !" le pouce levé qui se comprend dans toutes les langues, alors j'essaie de répondre en anglais... mais il est clair qu'il ne comprend que quelques mots, et pourtant, en quelques instants; à travers gestes et regards expressifs nous avons une réelle conversation, et des plus intenses.
Lui aussi est artiste; il ouvre sa veste pour me montrer son T-shirt imprimé de scènes de théâtre traditionnel Kabuki, en me montrant son personnage...il me faut quelques instants pour reconnaitre ses traits sous ce maquillage merveilleux, costume et coiffure.
Cet art est autrement plus immersif et total que notre théâtre, souvent un acteur est spécialisé dans un rôle précis, avec un seul personnage tout au long de sa vie, sorte de seconde identité, sans cesse perfectionnée.
Très codifié, le rythme, le regard, les expressions du visage nous ont permis de nous comprendre sans mots, et à y réflèchir moi aussi je me glisse dans la peau d'un personnage qui m'accompagne dans la vie y compris quand je ne porte pas le costume.
Quel moment innoubliable....
Âmes sensibles s'abstenir..., en vivant tous ces moments difficiles, j'ai souvent eu l'impression de gagner quelque chose au bout du compte, l'expérience qui rend plus solide, ou découvrir des clés utiles pour la vie... j'aurais préféré ne pas les vivre, mais à la fois, ils font partie de ce beau chemin; si quelque part il y a quelqu'un qui se rêve mener une vie de musicien, je lui dois bien de lui montrer que tout n'est pas rose quand on s'embarque dans cette galère... c'est à bien mesurer avant de se lancer...).
- Avoir à être opéré du bras et de la main sans garantie de résultat (Synovie du tunnel cubital et autres charcutages)...
Les muscles de ma main droite étaient en train de s'atrophier lentement, depuis des années sans aucun signe d'alerte.
Je comprenais enfin pourquoi mon ressenti, mon inspiration, ma confiance étaient eux aussi en train de s'amenuiser lentement depuis des années...
J'étais en détresse sans m'en rendre compte, me réfugiant dans une zone de sécurité, en abandonnant des morceaux audacieux, en n'osant plus prendre des risques!
Quoi de plus nocif pour un musicien !!!
C'est très particulier de jouer un concert devant caméras en temps de pandémie, après un long temps d'abstinence forcée; puis de se voir avec le recul d'un écran plus tard... mais tant mieux car c'est là que j'ai compris que quelque chose clochait; que cette sensation bizarre de pointe dans le creux de la main mériterait un check-up médical.
Je ne me reconnaissais pas; bien sûr c'est déstabilisant de ne pas avoir de public en face, mais j'avais carrément l'impression que quelqu'un d'autre jouait à ma place...
En jouant avec les mains, les pieds, et la tète en mème temps, en anticipant constamment toutes les gestuelles, les manipulations, les réglages en sautant d'un instrument à un autre, tout en chantant; impossible d'avoir du recul: c'est le grand plongeon !
Cette expérience m'aura permis de tirer l'alarme.
A " tout malheur bla-bla-bla"... et bien cette période de blocage m'aura permis de faire le nécessaire, puis de me ré-éduquer, mais quelle angoisse...
Oh oui; la première prestation après cet épisode aura été difficile, mais il y a toujours ce moment...le grand plongeon.
Il y a une énergie qui prend les commandes et qui me permet d'affronter toutes les situations.
Aujourd'hui encore deux ans plus tard, je commence à me dire que c'est en train de devenir intéressant; comme un nouveau départ, sans doute le fait d'avoir pris conscience de ce qui se passe dans mon corps m'a ouvert des sensations plus fines?...
Réaliser à quel point la musique est pour moi aussi vitale que l'oxygène; une journée sans jouer est une punition, aujourd'hui je cultive une certaine gratitude de pouvoir jouer et reprendre cette vie de dingue.
- Assister à une tentative de meurtre, découlant de la violence routière...(sordide):
Un rond point, la voiture me précédant coupe la priorité à un camion semi-remorque; banal... je m'engage derrière le camion puis une fois qu'il a repris de la vitesse il commence à faire des embardées, à donner de brusques coups de frein... je lève le pied et le laisse s'éloigner.
Puis je vois un panneau "radar", et là je comprends qu'il veut pousser la voiture qui respecte la limitation... petit jeu idiot...
Grande ligne droite en pleine forêt, nouvelles embardées, coups de volant violents.
Je comprends que ce type n'est pas animé de bonnes intentions, provocation, intimidation...j'en ai vu d'autres, mais là...
En fait ces coups de volant sont destinés à placer le coin de son pare-choc avant contre l'angle arrière gauche de la voiture de devant.
Pour donner un très léger choc en se rabattant à droite, sans abîmer son camion, la manœuvre fait perdre l'adhérence à la voiture qui part en tète à queue comme une toupie...à 90 kmh.
(Oui exactement comme dans le film "duel"...)
La voiture part s'écraser contre un arbre dans le bois...
Heureusement je n'étais pas seul; mon ami Yo m’accompagnait pour un très long voyage en Belgique, et on a assuré, l'appel des secours, la signalisation, et la déposition.
J'espère ne jamais revivre un tel moment; quand j'ai vu la voiture broyée, en me demandant si quiconque pourrait sortir vivant de ce tas de ferraille; pour découvrir le conducteur en état de choc mais conscient, s'étant extrait lui-mème; miracle.
...
Je n'ai pas eu le courage de prendre des nouvelles plus tard, ...avant la fin de notre témoignage la gendarmerie nous a dit avoir retrouvé le camion, son conducteur était en train de s'en jeter un dans le premier bistrot...tranquille...
L'absurdité de l’être humain...
Quand je pense au temps que je passe derrière un volant, constamment à anticiper les comportements à risque, je peux vous assurer que je ne donnerais jamais prise à ces attitudes agressives, parfois juste un klaxon, un appel de phares, un geste significatif...
La démission, la lâcheté, l'inconscience que l'on s'autorise à l'abri dans sa voiture est monstrueuse...mais bien sûr nous sommes tous persuadés d’être de très bons conducteurs...
S'octroyer une respectabilité, c'est avant tout être capable de respecter les autres.
J'ai été carrossier; j'ai réparé des centaines de voitures accidentées, j'ai eu tout le temps de réfléchir à ce que cette machine nuisible inspire à nos cerveaux détraqués.
- Un membre du public mécontent, mais on finira par s'embrasser...:
Quand on entend hurler "Ta gueule, joue!" en plein intermède de présentation du morceau suivant; hé-hé, étonnant mais comique... il faut l'avoir vécu !
... je comprends qu'on puisse confondre parfois spectacle vivant et télévision... ou qu'avec un tel appétit de musique on voudrait que le musicien enchaine les morceaux sans parler, comme un tourne-disque... considérant que si on parle c'est pour gagner du temps et moins se fatiguer... ( hélas j'ai déjà entendu ça ), mais je pensais surtout qu'il y avait parmi nous ce soir là quelqu'un qui se sentait mal au point de gueuler.
L'empathie est une notion simple, mais il parait que l'on en est pas tous dotés de façon égale... cependant ça peut se travaillersans trop forcer.
Bien sûr à la pause je viens voir le personnage et on discute, "oui mais tu parles trop pour ne rien dire", etc, etc..."tu aurais besoin de quelqu'un pour ré-écrire ton spectacle", et bien sùr il se propose directement !
Je reprends mon concert en jouant avec cette anecdote à chaque intermède, en appuyant doucement sur la façon dont se déroulait un concert dans les années trente dans les "juke-joint" du delta du Mississippi... sur ce qui se passe entre le public et le musicien, entre êtres humains qui partagent ensemble des émotions, en mixant tout ça sans perdre le fil, en retombant toujours sur mes pattes pour introduire le nouveau morceau. En construisant mon répertoire presque tout spécialement pour le récalcitrant, en le mettant tout doucement face à lui mème, mais sans abandonner les reste du public...
Je regrette vraiment de ne pas avoir d'enregistrement de cette soirée; à la fin, tout le monde est chaleureux, puis après un moment je vois mon gaillard s'approcher en larmes et me prendre dans ces bras en me disant "merci"...
... à vrai dire ce "merci" là aura compté plus que les dizaines d'autres reçus ce soir là.
Pas tant pour la gloire que pour me confirmer encore que la violence n'est jamais une solution, qu'elle est finalement facile à désamorcer...avec intelligence.
- Agression au couteau dans les rues de Limoges...:
C'est curieux mais à chaque fois que la poisse me dégringole dessus c'est dans un moment de fatigue ou hypoglycémie, d'épuisement... quand je ne suis plus apte à prendre la bonne décision, la bonne étoile s'éteint...
Quand je n'avais pas encore compris qu'il faut respecter son corps en prenant soin de lui, il m'arrivait de rouler comme un forcené, pour aller vers un but, sans réaliser qu'il y a des solutions à toutes contraintes.
Un concert qui finit forcément tard, un repas qui se résume à quelques petits fours, c'est parfois difficile d'arriver à se nourrir correctement...et combien de musiciens ont un ulcère ?...
Il m'arrivait de sortir de l'autoroute tenaillé par la faim et de finir par échouer dans des lieux des restauration sordides, baraque à Pizza, Kebab, et autres endroits poétiques où on ne revient jamais.
Un sandwich avalé en marchant pour dégourdir mes jambes au hasard des rues...et à chaque bifurcation je me perds vers la mauvaise direction...
Que dire de plus?...trois petits gars sans doute pas encore majeurs qui se prennent au jeu de la meute, m'emboitent le pas en ricanant, petit rituel de virilisation...
Le problème étant que les petits gars d’aujourd’hui grandissent trop vite, et se baladent avec un couteau,... je n'ai pas eu envie de vérifier si les deux autres en avaient un aussi.
Je reprends ma marche passif; je suis dans une impasse il faut absolument repartir vers une rue ouverte donc ne pas donner prise, pas maintenant, manger ce satané sandwich comme si de rien n'était...
Attendre des obstacles pour diviser le groupe; voitures garées, une ruelle qui part vers la droite; courir !
Mais les petits gars d'aujourd'hui ne sont pas très sportifs les trottinettes et les écrans ont fait du bon boulot, seul l'un d'eux me suit.
Justement celui qui donnait des ordres... une fois qu'une bonne distance l'isole de son troupeau, je lui fais face (car j'ai simplement encore trop faim pour fournir une course plus longue, et non pas parceque j'imagine frapper sur un gamin...).
Je serre les poings en lui faisant face, il réalise peut-ètre que ça pourrait se compliquer, et justement alors que les autres se rapprochent, il leur crie un ordre que je n'ai pas compris, l'argot local ?... et tout le monde décampe en criant "on te retrouvera" comme des durs de durs...
Bêtise de gamins qui s'ennuient, qui s'inventent une guerre de territoire, mais j'ai été de ces gamins toujours en colère, et je portais aussi un couteau (parce qu'à la campagne on en a un dés ses dix ans)...
Le fait que je porte une casquette de baseball leur a peut-être donné l'impression d'un gamin du quartier d'à côté qui aurait franchi la ligne?...
En finissant mon sandwich dans ma voiture, je revois mes gaillards en groupe serré, se donnant des airs de caïds dangereux... ils passent juste à côté sans me voir, et la meilleure c'est que je suis garé devant le commissariat de Police!
J'aurais pu les attraper par la peau du cou et les traîner là dedans, mais pourquoi ?...
Je voulais seulement manger ce sacré sandwich, c'est tout ce qui m’intéressait, la priorité absolue...
J'espère juste que ces Loulous ne se sont pas attirés trop d'ennuis depuis...
Que tirer d'une expérience aussi stupide ?...
Ne plus se laisser embarquer dans des problématiques construites sur des détail aussi simples à juguler que la faim et la fatigue.
Si je veux bien faire mon boulot je dois arriver serein et en pleine forme.
Désormais j'ai une petite caisse contenant tout le nécessaire pour manger chaud, faire un café, faire chauffer l'eau de ma douche, deux trois bricoles pour parer à toute situations, le minimum de confort qui dilue toutes les tensions.
La contrainte devient un jeu; faire la dinette, s'abriter du vent, choisir un bel emplacement... apprécier le moment au lieu de le subir, avec parfois le cadeau d'un vol d'oiseaux, un écureuil qui s'invite au déjeuner...
C'est ma cuisine de poche, que je peux installer n'importe où.
(Repensez à l'absurdité de la cuisine intégrée d'un van, qui vous coince là où le machin est garé... le décor reste au loin, alors que je peux manger les pieds dans l'eau, à l'ombre, ou bien perché au plus proche d'un point de vue, dans le décor, et pas coincé dans la voiture, en été ça compte....
C'est en organisant mes rangements que je suis tombé sur une cafetière de voyage, qui rentrait exactement au bon endroit dans ma "boite à bouffe", à côté d'une petite glacière, qui se cale tout contre la bouteille d'un réchaud....quand les objets se mettent d'accord les uns avec les autres à la façon du jeu "Tetris"c'est qu'ils ont quelque chose à nous dire...
Je me suis pris au jeu, et la chance m'a donné les éléments complémentaires qu'il manquait.
En fait c'est une réinterprétation de la populaire "chuck-box" des campeurs américains des années 50... l'évolution du chariot bâché qui suivant les troupeaux de bétail pour nourrir les cow-boys à l'étape...
Dans les années 60 "la blanche-porte" vendait un ensemble de camping dans cet esprit, avec couleurs pastel et grosses fleurs criardes, j'en ai vu en brocante, ça m'a inspiré.
Puis j'ai découvert la table "Kissply" des années 30(table qui se plie, j'adore ces noms Dadaïstes, comme le vélo "Kiroul"...).
Dans une belle valise imitation reptile, quatre chaises, couverts, gammelle et réchaud à alcool, ainsi qu'un litron... la valise s'ouvre en deux et devient une table!
Simple efficace et compact.
Alors je me suis pris au jeu avec un format de caisse à outils... je suis toujours stupéfait par l'aspect pratique de ce petit dispositif minimaliste; chaque repas, chaque pause est un moment ludique, où je découvre souvent une nouvelle fonction, un nouvel endroit où fixer ma cuisine ou comment mieux ranger un accessoire...
Tant pis pour les stations services, et "resto-route", je ne subirais plus jamais le jus de chaussette bu face à un 16/9èmes diffusant BFM...).
- Pourquoi pas plus de vidéos ?
Parce que je voudrais nettement éviter d'user des mèmes mécanismes que ceux qui sévissent sur d'autres supports, qui ouvrent à appauvrir notre capacité d'attention, et à surenchérir dans l'immédiateté... si vous avez lu jusqu'ici, alors vous avez certainement gagné quelque chose qu'aucune vidéo ne vous aurait donné, quelque chose que peu d'autres auront su s'offrir...bravo !
- Pourquoi je ne vous indique pas les beaux endroits dont je parle ?
Parce que certains de ces endroits sont des havres de paix absolument stratégiques pour moi; je vis une partie de l'année dans mon véhicule, (non il ne s'agît pas d'un van), pour éviter les frais d'hébergement à mes organisateurs qui font déjà le maximum pour m'accueillir décemment, et surtout pour ne plus subir les hôtels gérés par de grands groupes, qui vous imposent la confiture en barquettes plastique, le gobelet à dents à usage unique en plastique, le shampoing aux nitrates dans une salle de bain en plastique, et la télé qui enferme le cerveau en boucle dés le réveil... bref; pollution à tous les niveaux.
Par la force des choses, roulant en Clio, avec 200 kilos de matériel, j'ai commencé par prendre avec moi ma tente "2 secondes" au cas où j'aurais un coup de barre sur la route, pour ne pas risquer de m'endormir au volant, la hantise du musicien...
(Ceci m'a apris à choisir son emplacement, de nuit, avec un peu de logique et d'intuition, loin de mes congénères pour éviter tout danger).
Puis un petit nécessaire de survie pour avoir un repas et un déjeuner chaud si besoin...
J'espère faire ce métier encore longtemps; les problèmes alimentaires sont l'autre fléau du musicien (Pizza et Merguez-frittes pendant la majeure partie de l'année vous font réfléchir...).
J'ai appris au fil du temps quelques notions importantes de respect, et de tactique pour ne pas déranger quiconque, et ne pas me mettre en danger.
Pourquoi une Clio ?
Parce que c'était ma voiture... sans moyens pour avoir mieux, j'ai dû vraiment réfléchir à la façon de rendre mon matériel le plus compact possible, et à être très efficace dans mon organisation, dans mon choix de bagage et d'équipement; rien de superflu.
(Pour l'anecdote, une fois le matériel rechargé à vue du public, la fermeture finale déclenchait souvent des applaudissements !).
Une voiture banale permet de se garer n'importe où sans attirer l'attention... et sur un parking de festival; qui imaginerait qu'elle est remplie de matériel relativement rare et donc représentant une certaine valeur facile à revendre...
La Twingo a mème succédé à la Clio (paix à son âme), mais heureusement juste en fin d'été, et j'ai enfin découvert les joies de la camionnette, avec enfin la possibilité de laisser un matelas prêt à m'accueillir en permanence...et une douche, luxe que vous jugerez spartiate, mais qui me change réellement la vie car personne ne me relaie au volant.
J'ai besoin de ces pauses hors du monde pour recharger mes batteries.
Après des moments intenses d'hyper-disponibilité, j'ai besoin de silence, d'espace, de solitude.
Cette année j'ai découvert que certains de ces lieux sont désormais ornés de panneaux d'interdiction à tous véhicules aménagés, car la pandémie a déclenché un phénomène commercial qu'on nomme la "Vanlife"...
Cette restriction de notre cadre vital et de nos libertés a déclenché un énorme appétit pour la vie de bohème en camion ou van aménagé.
Le marché des Vans Wolkswagen ( firme à l'histoire éthique bien sale est-il besoin de le redire?...) à littéralement explosé; et Amazon a engrangé des bénéfices records à inonder le marché de gadgets d'aménagement, kits, et bidouilles diverses pour votre bagnole...
Le syndrome de la cabane de l'enfance, sur roues, a su toucher un public inquiet qui veut se réfugier dans sa bulle, mais avec la sensation de liberté, d'aventure, mais sans danger...
Bref le camping-car, mais plus bohème, plus glamour... un nouveau marché...
Les lieux sauvages et leurs riverains sont submergés par la masse de gens qui veulent absolument s'approprier l'endroit... irrémédiablement ruiné par l'affluence et le manque de respect.
Il existe mème des sites de mutualisation des infos concernant les lieux potentiels de camping sauvage... certains endroits sont devenus des sortes de parkings reproduction miniature d'un lotissement...
Ajoutez au phénomène le problème lié au fait que chacun veut avoir le mème "selfie de rêve vu sur insta".....
Le tourisme de masse se sert du mème outil.
Je vous invite à jeter un œil sur youtube pour observer le nombre de "Vanlifers" qui ont une chaine émaillée de centaines de vidéos, sponsorisés, "endorsés", ou devenus "influenceurs" (c'est à dire dégageant des bénéfices de leurs vidéos, et qui en tirent tellement de fierté que c'est indiqué sur le camion avec "#" !!!)...
Cynisme et green-washing...( bien sûr c'est toujours le couple jeune et beau, vivant en maillot de bain toute l'année qui font le meilleur score en nombre de vues... c'est sociologiquement très intéressant, enfin si vous aimez les clichés...).
Tout le monde vous parlera de la beauté de la nature....mais personne ne vous parlera du problème énergétique lié au Streaming à travers la surmultiplication des data-centers hébergeant les dites vidéos..."gratuitement" mais à un coût qui s'avère bien cruel.
Personne ne vous parlera de l’inutilité d'un tel volume à transporter, de la façon dont un tel engin vous stigmatiser dans le paysage, va limiter vos accès, sa surconsommation de carburant... et de la vacuité de la plupart des accessoires stupides qui vont vous sembler indispensables, marketing reposant sur la projection de sa maison dans un cadre mobile...
Alors qu'il suffit justement de se débarrasser de tout ce qui n'est pas strictement utile.
Il est peut-être temps de se souvenir que beaucoup de gens n'ont pas choisi ce mode de vie, mais n'ont pas d'autre choix que de vivre dans leur véhicule; en se promenant on peut aussi remarquer combien l'accès à l'eau potable ou à des toilettes publiques a été drastiquement réduit à la faveur du covid (sous prétexte d'hygiène, on fait machine arrière sur l'hygiène).
Donc effectivement, je serai un peu égoïste en préservant mes points de repos précieusement.
Je ne fais d'amalgame, car je connais aussi des gens qui ont choisi ce mode de vie de façon consciente; à eux je donne mes tuyaux, et mes plus beaux tuyaux m'ont parfois étés offerts par ceux qui n'ont pas eu le luxe de choisir.
Vous avez dit Homme-orchestre ?:
Mon plus beau diplôme :
Une soirée hors du temps:
L'autre côté de la vie d'artiste: